Le projet du Réseau ferroviaire rapide ou RFR, dont le premier tronçon sera opérationnel en octobre 2018, peut être considéré comme le plus important, lancé par la Tunisie depuis son indépendance. De par son coût et son impact socioéconomique, il constitue, à n’en point douter, la réalisation phare de ce début du XXIe siècle.
Faut-il le rappeler, l’idée a été inscrite dans le plan de développement régional du transport dans le Grand-Tunis -PDRT-. Il s’agissait, en fait, de poursuivre les études sur les réseaux de transport collectif à l’horizon 2021. La création de Transfert (société chargée de mener l’opération) en 2007 devait contribuer à veiller à la bonne marche des travaux.
Détermination à résoudre les problèmes Actuellement, le rythme de réalisation de cet important ouvrage n’est pas celui souhaité, quoiqu’il y ait quelques progrès. Même si plus de 90 % des difficultés foncières ont été résolues, des blocages «minimes» persistent. Et ils pèsent sérieusement sur l’évolution du projet.
Malgré tout, les autorités sont optimistes et s’en tiennent à la date prévue pour la mise en marche de la première tranche. À savoir le mois d’octobre 2018.
D’ailleurs, la conclusion de marchés pour l’acquisition du matériel nécessaire et des équipements électroniques de paiement sont dans une phase avancée.
En effet, en décembre dernier, un accord a été signé. Il concerne l’acquisition de 28 locomotives électriques auprès d’une entreprise coréenne fabriquant du matériel roulant ferroviaire. Le coût de ce contrat est d’environ 410 millions de dinars. Ces wagons, dont l’acquisition est cofinancée par l’Agence Française de Développement (AFD), la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et la Banque Allemande, seront exploités sur la ligne ferroviaire Tunis-El Gobaâ (Oued Ellil) et celle reliant les stations de Sidi Hassine et Bougatfa. Le coût global du projet dépasse les 3.000 milliards de millimes.
Ce qui est étonnant, c’est que ce projet a rencontré le plus grand nombre d’obstacles possibles et imaginables, souvent, de façon délibérée, il faut l’avouer. Certains ont voulu profiter de la «manne» pour en tirer le prix le plus fort. Des dédommagements exorbitants ont été exigés par certains propriétaires. Les procédures administratives aidant, d’énormes retards ont été accusés sur quelques tronçons des lignes du RFR. Il en est même des associations ou des édiles qui ne se soient mêlés pour mettre les bâtons dans les roues et freiner la marche des travaux, notamment au niveau de la cité du Bardo.
Des pertes estimées à quelques centaines de milliards de nos millimes ont été enregistrées sans parler des torts portés aux futurs usagers de la ligne nord-ouest de la capitale. Le premier tronçon qui sera mis en exploitation en octobre 2018 prévoit, justement, d’assurer le transport quotidien de près de 600.000 personnes. Chaque train sera composé de 4 wagons et pourra transporter jusqu’à 1.200 voyageurs.
En d’autres termes, les avantages qui en découleront seront multidimensionnels. Il y a, d’abord, l’aspect écologique en matière de réduction des émissions de gaz responsables de la pollution. De plus, une souplesse sera observée au niveau des fréquences des voyages. En outre, il ne faut pas oublier les incidences sur l’environnement et la fluidité du trafic dans le Grand-Tunis puisqu’on estime que la charge d’un seul train est l’équivalent de la charge de 50 bus et 1.700 voitures !
Améliorations tous azimuts Il suffit, par exemple, de savoir que ce nouveau mode de transport permettra d’améliorer la qualité de la vie dans les quartiers en les rendant plus attrayants, de réduire la pollution atmosphérique grâce à l’utilisation de l’électricité et à la réduction de la circulation automobile. Il contribuera, également, à la revitalisation des centres des cités et à leur dynamisme économique. Aux yeux des responsables, ce projet aura des répercussions favorables, à court terme, sur l’expansion des entreprises. Sa part dans la diminution du nombre des aires de stationnement et l’amélioration de la fluidité et de la rapidité de la circulation des personnes sera évidente. C’est pourquoi on pourrait soupçonner des arrières-pensées derrière tous ceux qui s’opposent à la réalisation de cet important projet. Ils ne seraient pas contents de voir la capitale dotée d’un moyen de transport moderne et à l’image du développement du pays. Des intérêts seraient, aussi, en jeu. D’où ces tentatives de «sabotage». En effet, le fait de disposer d’un outil tel que le RFR priverait les lobbies du transport privé de nombreuses opportunités.
Aussi, a-t-on décidé de mettre sur pied un comité de pilotage présidé par le Chef du gouvernement lui-même. Ce comité est chargé de lever les derniers obstacles devant la concrétisation du programme et de trouver, rapidement, les solutions aux problèmes qui peuvent surgir en cours de route.
En tout état de cause, les responsables sont déterminés à mener à bon port cette réalisation. De leur côté, les habitants de la banlieue nord-ouest de la capitale attendent, avec impatience, la mi-octobre 2018 (selon nos sources) pour voir le premier RFR sur rail. Ils se mettent, aussi, à rêver : le premier tronçon pourra assurer le trajet Tunis - Gobaâ en 15 mn, Tunis-Manouba en 12 mn, Tunis-Sidi Hassine en 10 mn, Tunis-Bardo en … 7 mn ! Ce timing est fort possible moyennant une bonne organisation et un respect strict des horaires. D’ailleurs, ce futur train rapide roulera en site propre avec une vitesse commerciale de 35 à 40 km/h (le métro roule à 17 km/h),
Il faut, toutefois, déplorer les grands retards enregistrés au plan de l’aménagement de la Place Barcelone qui constituera une plateforme fondamentale lors du démarrage de la première ligne du RFR. L’afflux des passagers (banlieue sud et nouveaux clients du RFR), la densité démographique élevée et des problèmes de fluidité de circulation pour les piétons sont possibles.
|