A travers les programmes de coopération technique et d’appui financier, l’Allemagne est devenue un acteur majeur dans l’accompagnement des décideurs tunisiens quant à la mise en place des axes stratégiques pour le développement des énergies renouvelables
La Tunisie, pays du Sud de la Méditerranée, donne une importance particulière au développement des énergies renouvelables, surtout avec la mise en place du Plan solaire tunisien (PST) qui vise à ce qu’elles représentent d’ici 2030, 30% de la production nationale d’électricité avec une capacité installée de 4.000 MW. Le secteur privé devra jouer un rôle important dans la réalisation de cet objectif. Le PST entend ainsi réduire la consommation nationale d’énergie primaire de 34% d’ici 2030.
La coopération allemande est ainsi très active dans ce domaine à travers deux institutions présentes depuis des années en Tunisie, à savoir la Banque de développement «KFW» et la GIZ. Ces deux institutions accordent une attention particulière aux énergies renouvelables à travers des programmes de coopération spécifiques. La GIZ mobilise pour ses activités en Tunisie un total de 110 millions d’euro sur les prochaines années et est opérationnelle sur plus de 40 projets, selon Matthias Giergerich, son directeur résident à Tunis, lors d’une rencontre de presse organisée le 27 novembre 2017 à la résidence de l’ambassadeur d’Allemande.
Le cluster énergie et climat constitue un des axes principaux de l’activité de la GIZ, avec un focus sur le développement des énergies renouvelables. Selon Arne Schweinfurth, coordinateur du cluster, il y a de grands pas qui ont été effectués en Tunisie dans ce domaine, à commencer par la promulgation de la loi sur les énergies renouvelables depuis 2015, de décrets et textes d’application pour la mise en œuvre. Il indique que cela entre dans le cadre de la mise en œuvre du Plan solaire tunisien.
D’ailleurs, le 15 du mois, il y a eu la clôture du premier appel d’offres pour les projets pour la production des énergies renouvelables soumis à autorisation, avec la soumission de 69 offres de développeurs nationaux et internationaux pour une capacité d’installation de 140 MW, répartis entre 70 MW pour l’éolien (10 offres) et 70 MW pour le photovoltaïque (59 offres). «C’est un bon signe. Il y a eu un retour par rapport à cet appel d’offres. C’est aussi intéressant pour les développeurs tunisiens et étrangers de tester le marché», affirme M. Schweifurth.
A ce niveau, il souligne que la GIZ a appuyé le ministère dans cette démarche pour la mise en place du manuel des procédures et offrira également son assistance à la nouvelle commission technique des énergies renouvelables à travers le renforcement des capacités de ses membres.
Viser les PME D’un autre côté, il a indiqué que la GIZ œuvre également à répandre cette culture des énergies renouvelables au sein des entreprises tunisiennes et des ménages, faisant remarquer qu’il y a une concentration des installations photovoltaïques à Tunis, Sfax et Sousse, aux dépens des autres gouvernorats. On compte actuellement 16 mille installations, mais qui sont à questionner en termes de performance et de sécurité.
«Nous avons établi en coopération avec les autorités tunisiennes une formation devenue actuellement obligatoire pour les installateurs afin d’obtenir leur agrément», précise M. Schweifurth, indiquant qu’il existe une centaine de sociétés d’installation en Tunisie employant de 500 à 600 employés. En y ajoutant les fabricants de chauffe-eau solaires, le nombre d’emplois atteint entre 2.000 à 3.000 personnes. Ce qui dénote l’importance du secteur des énergies renouvelables dans la création d’emplois.
Par ailleurs, le grand défi actuellement est d’approcher les PME qui peuvent profiter pleinement de cette autoconsommation de l’énergie et rationaliser leur consommation d’énergie. A ce niveau, les responsables de la GIZ affirment qu’il y a un grand travail de formation et de sensibilisation, qui a commencé par des visites dans plusieurs gouvernorats pour rencontrer les chefs d’entreprise. Il existe également des défis au niveau du cadre réglementaire qui nécessite des ajustements et aussi au niveau du financement. On indique que les banques tunisiennes doivent être bien informés de la particularité des projets d’énergies renouvelables pour évaluer la rentabilité et apporter un réponse adéquate.
Appui financier Du côté de la KFW, active depuis 1963 en Tunisie et présente à travers un bureau depuis 2012, le secteur de l’énergie occupe une place importante dans la grille de financement des projets tunisiens, soit un montant total de 377 millions d’euro, précédé par le secteur de l’eau. Le volume total de financement des projets tous secteurs confondus en cours et en préparation s’élève à 2 milliards d’euro. Selon Sven Neunsinger, directeur résident de la KFW, 300 millions d’euro sont prévus sous forme d’assistance budgétaire sur trois années et qui seront décaissés à partir de 2018.
En revanche, plusieurs programmes d’assistance financière dans le secteur des énergies renouvelables sont mises en oeuvre en concordance avec les objectifs du Plan solaire tunisien. Pour l’éolien, il s’agit du projet de Jbel Abderrahmane (120-180 MW), Le Kef (100-160 MW) et Sidi Daoud (50 MW). Pour le solaire, il s’agit des projets Tozeur I (10 MW) et Tozeur II (10 MW) et d’un projets de photovoltaïque décentralisé. Pour l’hydraulique, la KFW finance le projet Step de Oued El Meleh.
Actuellement, c’est le projet de la première centrale photovoltaïque à Tozeur qui constitue un grand projet de coopération financière pour la KFW. Il permettra la prévention annuelle d’émissions de 8,7 millions de tonnes de CO2. Il vise également la diversification du mix énergétique et la sécurité de l’approvisionnement en sécurité. Ce projet permettra de réduire l’importation d’énergies fossiles d’environ 2900 TEP par an. Le coût global de cette centrale s’élève à 13,5 milions d’euro. Ses travaux ont commencé durant le deuxième semestre 2017 et se termineront, selon Sven Neunsinger, Directeur Résident de la KFW en juillet 2018. Il est à noter que l’avancement des travaux est actuellement à 25%.
Indiquant que dans le cadre du partenariat tuniso-allemand pour l’énergie, le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables organise en coopération avec le ministère fédéral allemand de l’Economie et de l’Energie, la 7e journée tuniso-allemande de l’Energie avec pour thème «Promouvoir la transition énergétique : outils et technologies». Cette manifestion rassemblera plusieurs experts, notamment allemands dans le domaine, afin de discuter sur les outils à développer pour la transition énergétique et aussi sur les moyens d’améliorer l’efficacité énergétique.
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