Le chef du gouvernement Youssef Chahed a affirmé que le PPP permet de réaliser deux grands objectifs : diversifier les ressources publiques afin de réduire les financements du budget de l’Etat et bénéficier de l’expertise du secteur privé d’une manière générale dans le but d’accélérer la réalisation des projets et garantir une bonne qualité des services. Le Forum international sur le partenariats public-privé (PPP) s’est tenu hier à Tunis en présence de plus de 1.000 participants entre représentants gouvernementaux, représentants d’institutions financières internationales et surtout d’entreprises tunisiennes et étrangères. Une manifestation qui a été organisée en l’honneur du secteur privé et qui se donne comme objectif de booster le partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Le forum représente pour le gouvernement tunisien un rendez-vous crucial pour trouver des financements en faveur de 33 projets de développement pour un coût de 13 MDT, dans un contexte où l’état des finances publiques est au plus bas, surtout avec l’augmentation de la dette publique et de l’endettement extérieur. Ce rendez-vous représente ainsi une des voies de salut pour le gouvernement afin de booster l’investissement et réaliser la croissance souhaitée. La présence de Youssef Chahed, chef du gouvernement, ainsi que de deux représentants d’importants partenaires financiers internationaux de la Tunisie, à savoir la Banque européenne de reconstruction et de développement (Berd) et l’International Financial Corporation (Groupe Banque mondiale), montre l’importance capitale accordée à cette manifestation dans la stratégie du gouvernement. M. Chahed a affirmé que le PPP permet de réaliser deux grands objectifs. Le premier est de diversifier les ressources publiques afin de réduire les financements du budget de l’Etat. Le second est de bénéficier de l’expertise du secteur privé d’une manière générale dans le but d’accélérer la réalisation des projets et de garantir la qualité des services.
Mise en place du Conseil stratégique Le chef du gouvernement avait aussi annoncé la mise en place avant fin 2018 du Conseil stratégique, visant la conception et la mise en œuvre des stratégies nationales et des plans de développement ainsi que le suivi des résultats du forum international sur le PPP. M. Chahed avait indiqué que l’établissement de ce conseil permettra de poursuivre la mise en place du cadre juridique et institutionnel du PPP. Il a ajouté que les 33 projets présentés dans le forum sont des projets structurants qui permettront de réaliser un saut qualitatif dans plusieurs régions intérieures et de renforcer le développement de la gouvernance locale. De même, il a souligné que la Tunisie a pu surmonter les difficultés qui se sont posées devant elle depuis 2011 et à réaliser un taux de croissance de 2,6% au premier semestre 2018 ainsi que +20% pour les investissements directs étrangers durant les sept premiers mois 2018. Des indicateurs qui dénotent, selon lui, une reprise économique certaine, tablant sur la réduction du déficit public — qui a atteint 7% en 2016 —, à 4,9% en 2018 et à 3,9% en 2019.
Forum d’investisseurs De son côté, Zied Laâdhari, ministre de l’Investissement, du Développement et de la Coopération internationale, a indiqué que le forum international sur le PPP représente le plus grand rendez-vous économique de l’année, en présence de plus de 250 entreprises internationales. « Il s’agit d’un forum d’investisseurs et d’un forum de projets. Pour la première fois en Tunisie, on présente des projets pour un coût de 13 MDT dans plusieurs régions et plusieurs secteurs : infrastructure et création de pôles économiques, académiques, commerciaux, à l’instar du port en eaux profondes d’Enfidha, du complexe universitaire, de la ville administrative… », a-t-il affirmé. Il a ajouté que plusieurs investisseurs ont exprimé leur intérêt de contribuer à la réalisation de ces projets, précisant que certains vont démarrer d’ici la fin de l’année. M. Laâdhari a indiqué que le PPP est une mesure innovante qui permettra au gouvernement tunisien d’éviter plus d’endettement et d’alléger le fardeau sur le budget de l’Etat et celui du citoyen tunisien. « Notre pays ne peut résoudre la problématique du chômage qu’à travers de grands projets pouvant générer des milliers d’emplois. Ce n’est pas de la théorique. Ce sont des projets à fort potentiel de développement », a-t-il insisté, tout en indiquant que le gouvernement est à l’écoute des investisseurs et de leurs soucis.
Limiter les surcoûts Pour Pierre Heilbronn, vice-président Policy et Partnerships de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), le forum est un véritable coup d’envoi d’un programme ambitieux sur le PPP, estimant que l’éventail des projets présentés sont de véritables exemples du potentiel de ce programme. Il a signalé que les défis concernent le rôle du secteur privé, tout en affirmant que la Berd, l’IFC et l’ensemble des partenaires financiers de la Tunisie reconnaissent l’ampleur des investissements nécessaires dans le pays. « On estime le déficit d’infrastructures à 28% du PIB tunisien. L’Etat ne peut plus prendre en charge ces financements. En revanche, le développement d’investissements de haute qualité est essentiel. De même, le rôle de l’investissement dans la réduction des inégalités entre les régions est très important », a-t-il expliqué. Le responsable de la Berd a aussi indiqué que l’implémentation du PPP pour les projets d’infrastructure est très importante, puisqu’il permettra un achèvement à temps des projets, en prenant en compte le coût de la non-réalisation. De plus, il a estimé que le manque d’infrastructures retarde et réduit les investissements puisque les investisseurs deviennent hésitants, faisant remarquer que le surcoût du trop faible développement des infrastructures logistiques est estimé à 5% du PIB tunisien.
Nouveau modèle financier Du côté de l’IFC, Mouayed Makhlouf, directeur pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), a affirmé le soutien de son institution à la Tunisie. « Ce que nous apportons plus que le financement est notre expérience que nous sommes prêts à partager avec vous et pour que vous puissiez offrir de bons services aux citoyens. Il y a plusieurs success-stories dans plusieurs pays comme la Jordanie qui a bien développé ce concept de PPP », a-t-il insisté. M. Makhlouf a également indiqué que la région Mena a plusieurs défis colossaux à relever, à savoir ralentissement de la croissance, l’augmentation de la dette publique, de la hausse du taux de chômage des jeunes qui avoisine les 38%. Il a ajouté que tous ces indicateurs incitent à adopter un nouveau modèle financier. « Le secteur public ne peut plus financer davantage. Le secteur privé doit jouer un rôle fondamental pour combler davantage ce vide », a-t-il affirmé. En attendant l’output de ce forum, les espoirs tablent fort sur l’engagement des entreprises tunisiennes et étrangères dans la concrétisation de projets à haut potentiel. Certains projets sont restés trop longtemps en instance, à l’instar du port en eaux profondes d’Enfidha et du projet Taparura à Sfax, qui ont été conçus avant 2011, et doivent trouver urgemment le financement nécessaire. Mais si l’investissement y est, le gouvernement doit être toujours conscient de l’importance de la confiance dans tout projet d’investissement et agir en conséquence à travers l’amélioration continue du cadre juridique et institutionnel et à travers l’écoute attentive des soucis des investisseurs qu’ils soient tunisiens ou étrangers.
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